Un an de prison avec sursis requis contre un militant CGT Construction. Journal “l’humanité” du 7 novembre

Le responsable de la fédération CGT de la construction comparaissait, vendredi pour des jets de peinture en 2014.

 

Pendant que Philippe Christmann, administrateur de la fédération CGT des salariés de la construction, du bois et de l’ameublement (FNSCBA), comparaissait vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Paris sur l’île de la Cité, des dizaines de Christmann étaient rassemblés à proximité, place du Châtelet. Venus de toute la France, des délégués CGT de la construction, portant des masques à l’effigie du militant, avaient fait le déplacement pour le soutenir et exiger sa relaxe, devant une banderole dénonçant les « patrons du BTP qui veulent mettre en prison les défenseurs des salariés ».

 

 

Sur plainte de la Fédération française du bâtiment (FFB), Philippe Christmann est poursuivi, et lui seul, pour « dégradations en réunion » à la suite de l’occupation, le 24 avril 2014, du siège de l’organisation patronale, dans le 16e arrondissement, par quelques dizaines de militants CGT de la construction, dans le cadre d’une campagne pour la reconnaissance de la pénibilité. Fin 2015, la FFB a proposé à la CGT d’étouffer l’affaire à condition que le syndicat signe un chèque de 30 000 euros qui n’aurait pas été débité, explique Serge Pléchot, secrétaire général de la fédération CGT : « On a aussitôt refusé. »

 

 

La FFB réclame désormais au militant 80 000 euros de dommages et intérêts pour les frais de nettoyage et de gardiennage du site après l’action de 2014. « Nous parlons de jets de peinture à l’eau et de confettis alors que dans le métier il y a un mort par jour travaillé et un accident du travail toutes les cinq minutes », dénonce à la tribune Jean-Pascal François, secrétaire fédéral de la FNSCBA, avant de laisser place à une pièce de théâtre écrite par Ricardo Monserrat, et au groupe Paul Exploit.

 

 

DEPUIS DEUX ANS, LA FÉDÉRATION CGT DE LA CONSTRUCTION SE PORTE PARTIE CIVILE DANS LES PROCÈS CONCERNANT DES ACCIDENTS MORTELS DU TRAVAIL.

 

 

En fin de matinée, le couperet tombe. Sorti du tribunal après une heure trente d’audience, Philippe Christmann annonce les réquisitions du procureur de la République : un an de prison avec sursis, 4 000 euros d’amende dont la moitié avec sursis, et l’interdiction de se rendre aux abords de la FFB pendant trois ans.

 

 

« Ce sont des réquisitions extrêmement sévères, dénonce son avocate, Marion Ménage. Il faut raison garder. Un an de prison avec sursis pour quelques billes de peinture, c’est totalement disproportionné ; dans l’affaire Air France le procureur n’a pas été aussi sévère (entre deux et quatre mois de prison avec sursis ­ NDLR) alors qu’il y avait atteinte à l’intégrité physique. » Serge Pléchot renchérit : « Si Philippe est interdit d’aller devant la FFB, pas nous ! Ce n’est pas une provocation, c’est une réponse. » Le délibéré sera rendu le 16 décembre.

 

Fanny DUMAYROU