Bouygues en appel mercredi pour un décès sur le chantier du réacteur EPR

Caen, 1 déc 2014 (AFP) -Les sociétés de BTP Bouygues TP et Tissot Industrie doivent comparaître mercredi en appel à Caen pour le décès d’un soudeur en 2011 sur le chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), après avoir été condamnées en première instance.


Le 24 janvier 2011, cet intérimaire de 37 ans, père de trois enfants, avait fait une chute mortelle de 15 mètres. La passerelle sur laquelle il se trouvait avait été heurtée par le chargement d’une grue. La société Bouygues Travaux Publics, responsable de la coordination de la sécurité du génie civil sur le chantier, a été condamnée à 75.000 euros d’amende, et Tissot SAS, propriétaire de la passerelle à 35.000 euros, le 8 avril 2014 en première instance par le tribunal correctionnel de Cherbourg. Le grutier de 39 ans a écopé de trois mois de prison ferme.

 

Ils ont aussi été condamnés à verser 306.000 euros de dommages et intérêts à la femme et aux enfants de la victime.

La société Normetal, qui employait le grutier via une société d’intérim, a été relaxée. Seuls Bouygues et Tissot SAS, qui encourent 375.000 euros d’amende chacun, ont fait appel.
Le parquet général a toutefois indiqué lundi à l’AFP que ce dossier pouvait tout aussi bien être retenu que renvoyé en raison d’un mouvement de grève national des avocats difficilement prévisible pour chaque audience.

 

Boulons absents, absence de certains dispositifs de sécurité : au total, 26 irrégularités avaient été relevées lors d’une expertise des passerelles de Tissot SAS.
La CGT a à nouveau dénoncé récemment, dans un communiqué sur le procès, les conditions de travail sur l’EPR évoquant « des pressions pour augmenter la productivité dès lors que le chantier a pris du retard ».

 

La société EDF, maître-d’oeuvre du chantier, n’est pas poursuivie dans ce dossier. L’année 2011 avait été particulièrement noire sur le chantier EPR : une enquête préliminaire est en cours après le décès le 11 juin d’un salarié d’Endel, après une chute, et fin juin un ouvrier d’Areva de 29 ans était mort dans un accident de la route en rentrant chez lui.
Une autre enquête est en cours pour non déclaration d’un accident du travail sur quatre en 2010. Près de 3.400 personnes étaient alors employées sur ce qui devait être la vitrine commerciale d’un des premiers EPR au monde avant de nombreux couacs.

 

Le réacteur doit entrer en service en 2017, avec cinq ans de retard. EDF est en train de réévaluer son coût, pour l’heure établi à 8,5 milliards d’euros, soit déjà presque trois fois le budget annoncé au moment du lancement du chantier en 2007.