Cauval évite la casse sociale

Le fonds Perceva va reprendre le fabricant de literie.

C’est le soulagement chez Cauval. C’est le fonds Perceva (Dalloyau, Monceau Fleurs), le candidat préféré des salariés, qui a été choisi pour reprendre l’un des principaux fabricants français de literie, avec Dunlopillo, Treca ou Simmons. Au total 1.445 emplois sont sauvés sur 1.660 en France et 7 usines conservées sur 8. Ce qui évite la catastrophe sociale redoutée. « C’est une très bonne nouvelle, nous allons perdre 215 emplois, alors que cela aurait pu être la moitié du groupe », se réjouit Mohamed El Rhazi, le secrétaire du comité de groupe. Seul le site de canapés Diva, près de Roanne, va supprimer une centaine de postes, le reste se répartissant dans les fonctions administratives.

 

Perceva va investir 70 millions d’euros pour relancer l’activité, dont 40 millions en fonds propres. « Nous avons reçu le soutien des salariés, des clients, du groupe américain Simmons, et cela pour un projet financé,indique Jean-Louis Grevet, président de Perceva. Notre objectif est d’augmenter les ventes de 20 % d’ici trois à quatre ans. » En France, le chiffre d’affaires a été ramené à 214 millions d’euros l’an dernier, avec une perte estimée à 24 millions d’euros.

Pour réussir la reprise, le fonds est épaulé par deux anciens cadres de Cauval, François Duparc – avant chez Dunlopillo – qui prend la présidence du directoire, avec à ses côtés deux directeurs généraux, Alain Boussuge, un ex de Simmons, et Philippe Lang en charge des sites industriels, venu de Valeo et Faurecia.

 

Ne pas rater la saison d’été

 

Déjà 15 millions d’euros ont été provisionnés pour les achats de matières premières afin de relancer la fabrication, avant le pic de production de mai à juillet.« Dès ce matin, les cadres clefs seront au travail pour honorer les commandes », relève Jean-Louis Grevet, afin de ne pas rater la saison des ventes cet été. « Il y a eu tellement de déception que les salariés sont plus motivés que jamais pour montrer à la concurrence que le groupe Cauval n’est pas mort, ni son savoir-faire », assure Mohamed El Rhazi.

Perceva a été préféré au fonds Verdoso, dont les moyens financiers ont été jugés insuffisants pour réaliser le retournement de Cauval. Quant à l’industriel portugais Aquinos, c’est son endettement qui a inquiété les juges. L’entreprise s’engageait à emprunter 65 millions d’euros pour relancer l’activité. Beaucoup trop comparé à son excédent brut d’exploitation… Ce qui risquait de compromettre la relance en cas de coup dur.

Moins-disant en emploi et pénalisé par des problèmes de concurrence avec d’autres enseignes clientes de Cauval, comme But, le propriétaire sud-africain de Conforama, Steinhoff aurait, lui, été écarté rapidement.

L’intérêt suscité par le groupe, en difficulté depuis une dizaine d’années, démontre la force de ses marques sur un marché de la literie qui se porte bien. L’an dernier, ce dernier a progressé de 4 % à 1,24 milliard d’euros. En plus d’un marché et de bons produits, Cauval a des clients solides. C’est le manque en fonds de roulement qui a précipité la chute du roi de la literie. Ce dernier ne pouvait acheter les matières nécessaires à la fabrication de matelas et livrait du coup souvent les enseignes avec retard. Ce qui avait provoqué la colère de But en 2014, avant que tout rentre dans l’ordre. Cauval a multiplié les plans sociaux depuis 2008, avec une réduction de la moitié de ses emplois.