Hommage à Albert LABARRE, décédé le 22 Décembre 2017.

Albert, tu es né à la Guérivais en Mal­ville, sur le Sillon de Bretagne, le 14 octobre 1929. Tu es l’aîné de 4 en­fants. Tes parents exploitent alors une ferme d’une douzaine d’hectares et font de la polyculture. Le village se situe à 56 kilomètres du bourg de Malville, distance qu’il faut parcourir par des chemins creux, plus ou moins praticables l’hiver !

 

 

A 14 ans, tu arrêtes définitivement l’école pour travailler à la ferme et ce jusqu’à la veille de tes 20 ans. En effet, en avril 1949 tu deviens sa­larié dans le bâtiment, plus précisé­ment à l’entreprise DODIN, de 1949 à 1956, Y compris deux ans à l’entre­prise LANG.

 

Tu te maries avec Georgette, le 6 août 1949. Vous habitez la Babinais, tou­jours en Malville. Six enfants vont naître en 11 ans. La vie est dure. Tu bénéficies d’un petit terrain, un hec­tare environ, que tu mets à profit au maximum en cultivant des légumes et en nourrissant une vache qui pro­curera lait et beurre pour la famille, et permettra même de vendre le sur­plus de lait au laitier qui passe chaque jour dans le village.

 

A l’entreprise DODIN, tu découvres la CGT et, en même temps, la nécessité de se syndiquer pour créer un rapport de force face au patronat et obtenir ainsi des améliorations des salaires, des conditions de travail, etc. Tu de­viens militant et réussis rapidement à t’affirmer. Tu adhères cette même année au Parti Communiste Français dont tu es toujours membre. Homme de contact, sans formation syndicale, tu es déjà considéré comme un meneur d’hommes, écouté et suivi par les travailleurs qui te font confiance, craint par les employeurs, dont Mon­sieur DODIN.

 

En mars 1956, Maurice PICONNIER, Secrétaire de l’Union Locale CGT de Saint-Nazaire et région, te sollicite pour participer à un mois de stage de formation syndicale au Gâvre.

 

Ce stage va être déterminant pour l’orientation de ta vie. Pendant la dernière semaine du stage, Maurice PICONNIER, accompagné d’un mili­tant confédéral et du Secrétaire de notre Fédération, Jean ELOI, vient t’annoncer, et, pour tout dire te don­ner l’ordre (car à l’époque, la discus­sion n’était guère de mise ! Comme les temps ont bien changé !) : « II faut que tu envoies un courrier à ton pa­tron, parce que, à partir du 1er avril, tu seras permanent pour le bâti­ment »,

 

Cet engagement à la CGT au service des travailleurs depuis maintenant 60 ans, méritait bien qu’à l’occasion de notre Comité général UFRCBA, nous nous retrouvions pour te saluer et évoquer tes différentes respon­sabilités. II faudrait des heures pour retracer avec détails et précision ta vie militante à la CGT. Contentons-nous aujourd’hui de quelques dates et quelques anecdotes :

 

  • 1er avril 1956. Albert tu deviens donc permanent CGT Bâtiment pour le secteur de Saint-Nazaire / La Baule. Période mémorable où il suffisait d’un coup de sifflet pour que tous les gars du chantier ar­rêtent le travail et se regroupent pour les informations. Période pen­dant laquelle les cotisations étaient récupérées sur les chantiers pen­dant l’heure de midi. Tu assumeras cette responsabilité pendant un an et deux mois.

 

  • 11 juin 1957. Tu es appelé à de­venir permanent pour tout le dé­partement de Loire-Atlantique en remplacement du Camarade BLOT, malade. La tâche est lourde. Les dé­placements s’effectuent en moto par tous les temps et surtout par toutes les routes dont certaines ne sont que des chemins !

 

  • 1967. Albert, tu quittes ton mandat au Bâtiment pour devenir Secrétaire de l’Union Locale CGT de Nantes. Tu es remplacé au Bâti­ment par Gilbert HARDY qui nous a quittés en 2013. Tu resteras 5 ans avec cette responsabilité interpro­fessionnelle importante. Pendant les événements de 68, avec Geor­gette, tu iras soutenir les 800 filles de chez BEGY par exemple à Car­quefou … et combien d’autres … comme les visites de soutien aux premiers grévistes en France : SUD AVIATION à Bouguenais, en grève dès le 11 Mai 1968. Tu organises les personnels du commerce, et, pen­dant cette période, une percée im­portante de la CGT dans les grands commerces nantais est intervenue, y compris chez DECRÉ jusqu’ alors fief de la CFDT … ou encore chez les tailleurs à Nantes où seule la CGT devient présente.

 

  • 1972. Les conflits importants de cette année-là aboutissent à l’ac­cord intervenu en fin d’an- née avec la signature de la CGT au plan fédé­rai de la nouvelle Convention Col­lective du BTP. Devenu Secrétaire Général de I’USC 44, tu es membre de la CEF et du Bureau Fédéral en 1976. Dans la foulée, tu deviens Administrateur National à la CNRO et à la CNPO. Tu y resteras jusqu’en 1996, soit 24 ans, remplacé par Jean-Luc PLUMELET, membre du BF. Tu conserveras les mandats BTP / Retraite au niveau régional et seras à nouveau remplacé en 2008 par Jean-Luc … auquel tu avais passé le relais de I’USC dès 1984-1986.

 

  • Tu bénéficies d’une retraite bien méritée dans le cadre du F.N.E. Tu décides, avec Georgette, de revenir à Malville, au village de la Barre. La­barre à la barre, il fallait y penser !

 

  • Tu ne renonces pas pour autant à ta vie militante : tu lances, tou­jours avec Georgette, un défi, un défi que personne n’a osé lancer dans un autre département fran­çais, un défi réussi, celui d’organiser et syndiquer les préretraites, retrai­tés et veuves de la Construction du département.

L’âge du départ à la retraite vient d’être abaissé à 60 ans ; l’espérance de vie de tous, y compris des gars du Bâtiment, évolue fort heureusement. La situation semble favorable. Le ré­sultat est incontestable : 84 adhé­rents retraités Construction en 1984, plus de 1 300 en 2009 !

 

Impossible de calculer le temps pas­sé, les kilomètres parcourus, les mil­liers de lettres écrites, le nombre de cafés offerts et les heures de salive pour parvenir à un tel résultat !

 

Pen­dant tout ce temps, tu savourais cette syndicalisation à la « nantaise », répé­tant sans cesse : « le terrain, le ter­rain » !

 

Et tu continuais, discrètement « à chambrer » les grands révolution­naires de salon aux belles paroles, y compris dans nos rangs …

 

C’est pour tout cela que nous tenions à te dire aujourd’hui MERCI Albert, mille fois merci, à l’occasion de notre passage à Saint-Nazaire. On revient encore et toujours à l’ac­tivité syndicale qui a été et demeure l’orientation de toute ta vie donnée aux autres.

 

Ta fidélité totale, sans faille, en té­moigne. Tu nous dis chaque année au mois d’août « J’ai hâte que les ré­unions cantonales reprennent car j’ai besoin de l’action syndicale et des contacts avec les gens. »

 

Merci de l’exemple que tu nous donnes !

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