Le stade du Mans illustre les risques du financement en PPP

Article publié par Les Echos le 14/02

 

Ce stade construit et géré par Vinci a coûté 104 millions.
Mais si Le Mans FC fait faillite, le constructeur se retournera vers les collectivités.

 

Le MMArena, stade de football inauguré en 2011, risque de devenir un fardeau pour la ville du Mans et ses contribuables. En cause, les difficultés financières du Mans FC, le club de Ligue 2 résident, qui a encore creusé son déficit. De 3 millions l’été dernier, celui-ci atteint les 7 millions d’euros (pour un budget de 11 millions). Dès lors, le club est menacé de relégation voire de faillite. Le stade de 25.000 places, un investissement de 104 millions d’euros dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) avec Vinci, deviendrait alors une coquille vide.

 

Appel au secours

 

Demain, le conseil municipal du Mans devrait venir indirectement à son secours, en votant l’acquisition, pour 2 millions d’euros, du centre d’entraînement du club. Selon Jean-Claude Boulard, le maire PS de la ville, l’opération ne coûtera rien au contribuable puisque le club acquittera un loyer annuel de 178.000 euros. La collectivité répond ainsi à l’appel au secours d’Henri Legarda, principal actionnaire du club. Jean-Claude Boulard confirme cependant que cette somme ne suffira pas. «  I l faut que, avant la fin février, le club trouve un partenaire financier », indique-t-il. A cette date, le club sera auditionné par la DNCG, le « gendarme » financier du football professionnel. Une proposition de reprise, émanant de Michel Moulin, fondateur du quotidien « Paru-Vendu » et ancien manager du club, a été jugée irrecevable «  en l’état ».

 

L’enjeu est important pour la collectivité, car, en cas de liquidation du club, le concessionnaire, Le Mans Stadium, filiale de Vinci, pourra exiger, à l’issue d’un délai de six mois, que soit résiliée la convention de concession. Il pourrait alors demander une compensation de plusieurs dizaines de millions d’euros. Le financement de ce nouveau stade est le fruit d’un effort partagé entre la ville (31,5 millions) le département et la région (17,5 millions), et Vinci, le concessionnaire (13 millions et un emprunt de 39 millions). L’assureur MMA a, lui, apporté une mise initiale de 3 millions, plus 1 million par an sur dix ans. Mais il n’a pas voulu aider davantage. Nombreux sont les observateurs qui estiment que le stade est surdimensionné et que, en dépit d’incursions en Ligue 1 dans les années 2000, ses promoteurs ont fait preuve de trop d’optimisme en pensant qu’il pouvait demeurer dans l’élite du foot. Or la fréquentation moyenne en Ligue 2 est inférieure à 8.000 spectateurs par match. Un stade moins grand aurait donc largement suffi.

 

Emmanuel Guimard

Correspondant à Nantes

 

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