Témoignage pour les salariés de l’Industrie Routière

Témoignage pour les salariés de l’Industrie Routière lors du meeting CGT du 5 septembre 2013 à la Plaine St Denis

Chers camarades,

 

Merci de m’accueillir et de me permettre de témoigner, auprès de vous, des pénibilités subies par les compagnons et camarades « constructeurs de routes ».

Depuis 130 ans, les salariés de l’Industrie Routière Å“uvrent au quotidien afin de répondre aux besoins fondamentaux en voies de transport et de communication de notre pays.

 

Notre métier, comme beaucoup d’autres, possède la particularité de posséder un spectre très large de contraintes et de pénibilités. Nous subissons entre autres, les ports de charges lourdes, l’exposition aux aléas météorologiques, les horaires décalés, les expositions chimiques ET, la répression patronale, qui aboutit forcément aux risques psychosociaux.

Un compagnon de la Routière, manipule tout au long de ses 10 heures quotidiennes, un matériau amianté, livré sur chantier à une température comprise entre 160 et 180°. L’hiver, ce n’est pas forcément désagréable, l’été, seuls les plus aguerris tiennent !

 

La combinaison de ces agressions physiques, chimiques et psychiques, n’a pour résultat, que de provoquer l’usure prématurée des corps, et le déclenchement anticipé de nombreuses maladies, non reconnues.

7 salariés sur 10, dans le bâtiment et les travaux publics, ne sont plus en activité à 60 ans !

Ils sont au RSA ! Après avoir été licenciés pour inaptitude médicale au poste de travail. Invalides pour les quelques chanceux qui ont pu le faire reconnaître, ou morts ! 70 % !

Les métiers de la construction provoque 1 mort déclaré par jour travaillé.

 

L’allongement de la durée du travail, via les réformes successives sur les retraites, ne correspond pour nous, qu’à un allongement de notre durée d’exposition à l’ensemble des risques, entraînant une mort prématurée certaine !

Nous ne nous sentons absolument pas concernés par l’affirmation sur l’allongement de la durée de vie des français ! Nos fréquences aux enterrements en attestent !

Et la succession de ces drames programmés devrait permettre, hypothétiquement, un rééquilibrage comptable des caisses de la Sécurité Sociale ?

Il nous paraît pourtant normal, nécessaire et de justice, que ce soit aux spéculateurs et négriers de tout bord, de payer ! Et de réparer !

 

Et que l’on arrête de nous bourrer le mou avec la Prévention, en l’état actuel, et porté par le MEDEF. Prévention qui devrait solutionner à moyen terme les carences économiques et sanitaires. Sur les chantiers, la Prévention ne sert qu’à mieux culpabiliser le copain, à mieux le sanctionner, à mieux le licencier ! « Tu t’es blessé, tu n’as pas respecté les consignes de sécurité – dans la plupart des cas, les conditions ne sont pas réunies -, tu nuis à l’image de l’entreprise, je te vire ! »

Cela arrive vers les 50 ans. Auparavant, on a besoin de notre capital santé afin de produire des dividendes !

 

Au printemps 2012, l’employeur de la taule dans laquelle je suis salarié, s’est fait condamné pour faute inexcusable, suite à un décès par cancer d’un salarié. Seules la famille et la CGT étaient sur le pont et au combat. Pour la petite histoire, le copain décédé était DS CFDT.

Au delà du drame humain, c’est une victoire et une première !

Enfin il est reconnu que le bitume tue !

Ce n’est qu’un début ! Nous estimons devoir continuer la bataille, jusqu’au bout de la reconnaissance de nos pénibilités. Que ce doit être réparé et acquis dans nos droits !

A ce jour, un compagnon mort sur un chantier, c’est environ 30 K euros de dédommagements pour les ayants droits, quand l’employeur est condamné ! Une réparation minime, insuffisante à dissuader, et souvent versée par les CPAM. Nous exigeons et revendiquons justice !

Seules les condamnations au pénal, pour mise en danger d’autrui ayant entraîner la mort, effraieront les exploiteurs de s’enrichir sur la destruction de nos familles et de nos vies !

Que leurs costards cessent de ruisseler de notre sang !

 

Ce n’est pas nous qui nous sommes enrichis, dans des volumes inavouables, et en toute discrétion, lors de l’introduction des stocks d’amiante dans les revêtements routiers.

Cette Omerta, je me permets le terme, la culture patronale du BTP m’y autorise, conduit aujourd’hui à faire le constat d’une ignorance totale des volumes et de l’étendue de la pollution.

Les salariés sont exposés bien sûr, mais quand nous rabotons, scions, fraisons et cassons, les riverains et les usagers sont également exposés.

 

Pour l’ensemble de ces raisons, nous revendiquons :

 

– La transparence, la sincérité et la communication à destination des CHSCT, des produits épandus et manipulés, tel que dicté par le Code Républicain du Travail, afin de mieux protéger les populations concernées.

 

– Une organisation du travail, en adéquation avec notre époque. Car pour une amplitude journalière de 10 heures, sur une durée de 42 ans de carrière – pour la poignée de survivants qui y parviennent – , au contact permanent de ces substances toxiques, cancérogènes et polluantes, créée les conditions incontestables d’un empoisonnement volontaire.

 

– La substitution desdits produits mortels.

On peut imaginer de modifier le cahier des charges des chercheurs des services R&D ; au lieu du jusqu’au « boutisme » de la productivité du produit, pourquoi ne pas parier sur la protection du vivant ?

 

– Nous revendiquons les droits pleins et entiers pour une retraite digne à 55 ans ! Pour avoir pratiqué un métier dangereux, insalubre et mal payé !

 

Je suis salarié VINCI, les caisses dégueulent de fric !

« Ils peuvent payer ! »

 

S’agissant de la réforme des retraites, en lien avec les pénibilités subies et vécues, nous camarades CGT de la Routière, invitons le citoyen François HOLLANDE, à se désenclaver du dogme de la pensée unique ultralibérale ; de revenir à ce qui constitue les fondements progressistes de l’esprit du peuple de gauche !

A sauver des vies ! Bon Dieu !

Nous ne lui reprocherons pas d’échouer, mais nous le maudirons d’échouer avec des politiques de droite !

 

Alors Tous Ensemble le 10 septembre ! Et vive la CGT !

Merci pour votre écoute.

 

MAU Frédéric

DSC CGT EUROVIA BRETAGNE

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