Une sanction exemplaire contre Gerlero

AMIANTE Deux petits patrons, Jean et Thierry Gerlero, ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel pour avoir entreposé illégalement 600 tonnes de déchets de minerai sur un site de Saint-alban, en haute-Garonne.

 

BRUNO VINCENS Toulouse, correspondance. 

Des patrons voyous ont été durement sanctionnés. » Me Stéphane Rossi-Lefèvre, avocat du syndicat CGT construction, exulte à l’annonce du jugement qui condamne Jean Gerlero à deux ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende. Son fils Thierry écope lui aussi de deux ans de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende. Tous les deux dirigeaient l’entreprise familiale, qui, au mépris de l’environnement, stockait à l’air libre 600 tonnes de déchets amiantés et, au mépris de la santé des ouvriers, les exposaient au dangereux minerai sans aucune protection adaptée.

 

Hier, ni Jean Gerlero ni son fils n’étaient présents lorsque le tribunal correctionnel de Toulouse les a reconnus coupables de tous les chefs d’accusation. Le tribunal va même au-delà des dix-huit mois de prison avec sursis requis par le procureur Sébastien Farges au cours de l’audience du 17 avril. Encore plus significatif : la société anonyme Gerlero & Fils, pourtant oubliée par les réquisitions, est condamnée à une amende de 50 000 euros et à « une remise en état » d’ici trois ans de la zone contaminée par l’amiante, située à Saint-Alban, près de Toulouse. Passé ce délai, la société Gerlero & Fils devra verser 10 000 euros par mois de retard.

 

L’AMIANTE POURRAIT FAIRE DANS LE MONDE ENTRE 50 000 ET 100 000 MORTS AU COURS DES VINGT PROCHAINES ANNÉES.

« On va pouvoir respirer un peu mieux »

 

Les nombreuses parties civiles obtiennent toute satisfaction. La CGT construction recevra 10 000 euros de dommages et intérêts, la commune de Saint-Alban 3 400 euros, l’association France Nature Environnement 3 000 euros… Les entreprises grugées – qui s’acquittaient de fortes sommes pour que Gerlero & Fils traite l’amiante selon les normes en vigueur et dépose le minerai sur des sites agréés – sont elles aussi indemnisées. Le total des dommages et intérêts dépasse les 40 000 euros. Le tribunal correctionnel n’était pas saisi par les anciens salariés de Gerlero qui, après avoir inhalé des particules d’amiante pendant de longues années, mènent une action auprès du conseil de prud’hommes. Deux d’entre eux, Frédéric et Patrick Rey, étaient néanmoins présents pour entendre le jugement : « On va pouvoir respirer un peu mieux, c’est un soulagement », confie Patrick. Mais Frédéric souligne que ses anciens patrons « auraient pu être condamnés davantage ».

Pour Me Rossi-Lefèvre, il s’agit néanmoins « d’une décision symbolique forte, exemplaire ». Si la condamnation prévoit aussi la publication des extraits du jugement, « c’est pour servir d’exemple », insiste l’avocat. Celui-ci exhorte les tribunaux à prononcer de lourdes sanctions contre les patrons indélicats, « afin que de telles pratiques ne soient plus rentables ». Le jugement prononcé jeudi est cependant moins simple qu’il n’y paraît : les condamnés ont la possibilité de faire appel et, surtout, la société Gerlero & Fils, en liquidation judiciaire, se trouve en cessation de paiement. « L’amende de 50 000 euros ne sera sans doute jamais payée », soupire, sans illusion, Me Rossi-Lefèvre. Le liquidateur judiciaire peut lui aussi faire appel.

 

Reste que ce jugement est un point d’appui pour tous ceux qui luttent contre les méthodes de patrons qui mettent en péril l’environnement et la santé de leurs salariés. Laurent Joly, responsable du syndicat CGT construction, annonce dans la région toulousaine « d’autres affaires liées à l’amiante, encore plus graves que celle de Gerlero ».

 

L’Humanité

 

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