14e arr. de Marseille. L’augmentation c’est zéro chez Point P

Bâtiment. Comasud fait des bénéfices. Les salariés essuient les plâtres.
Pas vraiment une coutume de faire la grève chez Point P. Mais hier le groupe de matériaux de construction Comasud devait faire face à deux actions à l’initiative des syndicats CGT et CFDT sur les sites de Capitaine Gèze à Marseille et de Plan d’Orgon. Dans le cadre des NAO les partenaires sociaux revendiquent une augmentation de 50 euros pour les salaires inférieurs à 1.750 euros mensuels. En dépit d’un bénéfice de plus de 10 millions d’euros en 2014, leur direction « maintient zéro pour cent d’augmentation salariale ».
 


Des effectifs en baisse continue mais des bénéfices en hausse reversés à 75% au groupe Saint Gobain et des aides d’État de plus de 4,5 millions d’euros obtenues grâce aux SMIC. La crise, c’est pas pour tout le monde. Pour autant, pas question d’en faire profiter les salariés. Vendredi 30 janvier, la réunion s’est en effet conclue sur un très sec « zéro% » côté amélioration des salaires et un refus de passer de 10 à 20 tickets restos mensuels. « Ils sont sans limite » lâchait simplement le directeur des ressources humaines hier matin.

 

Pourtant, en 2010 avec un bénéfice en chute de plus de 41% et avec 1.750 salariés contre 1.550 aujourd’hui sur ses 110 points de vente, « nous avions obtenu une enveloppe de 1,49% d’augmentation », souligne Bénédicte Herbert, représentante syndicale CFDT. Les NAO dans l’impasse, la réaction n’a pas tardé : une première salve le 11 février qui n’a porté qu’un fruit totalement anémié : la direction fait un geste ostensible en acceptant de passer de zéro à 0,8%. Face à un tel mépris, une trentaine de salariés procède à un jour de grève et investi l’entrée du Point P marseillais, pendant que d’autres faisaient de même à Plan d’Orgon.

 

Détermination béton

 

La direction a immédiatement fait appel aux forces de l’ordre, histoire de réamorcer le dialogue social. Un accueil qui ne passe mal pour Sandrine Volkeart, déléguée syndicale CGT : « Les salariés font des sacrifices qui ont permis à l’entreprise de réaliser des bénéfices et alors qu’elle est capable de verser 230.000 euros d’indemnités de licenciement à un salarié, la direction nous refuse une augmentation qui permettrait d’avoir un niveau de vie à peine plus confortable ». D’autant plus inacceptable que la jeune femme relève en commission logement « de plus en plus de personnels qui demandent une garantie loyer tellement ils ont du mal à joindre les deux bouts ».
Si la détermination est forte, la mobilisation « reste encore assez faible », reconnaît la déléguée CFDT, « il est difficile de mobiliser car nous sommes très éparpillés sur les divers sites et aussi c’est parce que la direction fait pression sur les employés. Elle négocie des augmentations individuelles. Certains se sont vu proposer 30 euros d’augmentation pour les empêcher de rejoindre le mouvement ». Pas de quoi désarmer les fers de lance de l’action : « cette journée de grève n’est pas la fin mais le début d’actions qui iront crescendo », prévient Bernard Sigalas, représentant syndical CGT.

Myriam Guillaume (La Marseillaise, le 21 février 2015)