Contribution de Maud DENIS, membre de la CEF à la suite de notre action fédérale du 5 Février

Cher camarade,

 

« Esclavagisme moderne », « travailleurs low costs », « salariés détachés » autant de termes pour désigner ces salariés venus d’ailleurs qui sont devenus les tristes victimes d’une société en perdition.

 

Le 5 février dernier, dès l’aube, 500 syndicalistes Cégétistes se rassemblent sur le gigantesque site du terminal méthanier à Dunkerque dans le Nord.

 

En ce matin d’hiver, seule l’immensité de la mer parait nous faire oublier la triste réalité. En effet, sur le chantier, enfermés dans des baraquements, des centaines et des centaines de salariés portugais regardent sans trop comprendre ce qui se passe. Ils ont les traits de ceux qui sont usés par des conditions de travail pénibles mais qui sont là car ils n’ont pas d’autres choix.

 

Quelle a été notre stupéfaction quand nous les avons retrouvés les uns serrés contre les autres enfermés dans de minuscules pièces servant de réfectoires ou d’hébergements ? Rien n’est plus choquant de voir avec quel mépris et en dépit de toutes les règles, on a fait de ces hommes des « pantins » à qui l’on demande de travailler sans réfléchir et surtout sans se rebeller ! Comment peut-on qualifier ces donneurs d’ordre qui ont imposé ce jour là, aux travailleurs étrangers de s’enfermer et de baisser les volets pour ne pas qu’ils soient vus de nous, syndicalistes ? A d’autres, ils leur ont tout simplement demandé de ne pas venir sur le chantier.

 

Qu’a-t-on à cacher ? Que veut-on dissimuler ? Pour avoir entendu s’exprimer certains travailleurs détachés, l’un d’entre eux nous a simplement expliqué qu’il gagnait 800€/mois pour le travail effectué. Est-ce 800€ pour 151 heures effectives ou 800€ pour un nombre d’heures dépassant toute légalité ? Je laisse chacun le soin d’en faire sa réflexion… Cet exemple n’est malheureusement pas le seul. A ITER, dans le sud de la France, environ 500 Cégétistes se sont rassemblés le même jour sur le site du futur réacteur thermonucléaire de St Paul des Durance pour dénoncer les mêmes pratiques et les mêmes illégalités.

 

Aujourd’hui en France, des grands groupes comme Bouygues, Colas, Vinci, Eiffage… pratiquent les mêmes méthodes. Ils emploient une main d’œuvre étrangère malléable à des taux horaires effroyablement bas. Ils échappent par leur stratégie au paiement des cotisations sociales propres à la législation de notre pays, ils ne respectent pas non plus les règles élémentaires de sécurité, d’hygiène et les conditions de travail ! A ce titre, nous avons une pensée particulière pour ce salarié portugais mort il y a quelques semaines sur le site de Dunkerque, et pour tous ceux qui y laissent leur vie pour quelques euros gagnés à la sueur de leur front pour nourrir leur famille restée au pays.

 

Comment peut-on accepter cette situation sans réagir ? Pourquoi l’Etat ferme-t-il les yeux sur les dérives de ces grands groupes ? Ne dit-on d’ailleurs, dans un adage connu, qui ne dit mot consent !!!

 

Certes, on pourrait encore nous taxer de « radicalistes » dans notre façon de dévoiler certaines situations mais nous sommes surtout de ceux qui témoignent d’une réalité qui n’a que trop durée.

 

Sachez que nous ne sommes pas contre ces travailleurs venus d’ailleurs qui se battent et qui travaillent chaque jour pour faire vivre leurs proches, mais avant tout et surtout contre les pratiques illégales des grands groupes qui rendent notre société vulnérable et de plus en  plus fragilisée.

 

Il nous faut, aujourd’hui tous autant que nous sommes, simple citoyen ou représentants politiques, réagir rapidement et trouver les moyens de mettre fin à ces pratiques scandaleuses.

 

Alors luttons chacun à notre façon pour rendre notre société plus saine et respectueuse des lois.