Dépêche AFP . Lourdes dégradations ou confettis et peinture à l’eau? Procès en appel d’un cadre CGT – Paris (France) – 26 mars 2018 19:53

Lourdes dégradations commises en réunion ou simples confettis ? La cour d’appel de Paris est revenue lundi sur une manifestation menée en 2014 au siège de la Fédération française du bâtiment (FFB), l’unique prévenu, un cadre de la CGT Construction, dénonçant une volonté de “mettre à genoux” son syndicat.

 

 

Le procès des confettis et de la peinture à l’eau”, comme l’a rebaptisé la CGT, trouve son origine dans une manifestation surprise organisée par une trentaine de militants de la CGT-Construction, en avril 2014, pour revendiquer un départ à la retraite à 55 ans dans les métiers pénibles.

 

 

 

En première instance en 2016, Philippe Christmann avait été reconnu coupable d’avoir projeté de la peinture sur diverses parois des locaux” et “complice” de diverses dégradations (autocollants, tags et confettis jetés, mobilier déplacé, grille de sécurité abimée) “ayant entraîné un dommage léger”.

 

Le parquet avait fait appel du jugement le condamnant à une amende de 500 euros et à verser environ 17.000 euros à la FFB (1.000 euros de préjudice moral, plus de 14.500 euros pour le préjudice matériel et 1.500 euros de frais de justice).

 

Les manifestants ne sont pas des délinquants, ils sont là pour exprimer une colère” et, dans ce type d’action, “on ne vient pas pour casser, on vient pour revendiquer”, a déclaré le prévenu lundi à l’audience, dénonçant côté patronat “une stratégie politique” pour “mettre à genoux” la CGT.

 
Pour son avocate, Me Cathy Farran, en présentant des factures aux montants élevés et en parlant de faits de séquestration, la FFB “a gonflé les faits et chargé la barque”. Le but, a-t-elle estimé, était d’exclure son client des négociations paritaires, une “atteinte grave à la liberté syndicale”. Elle a aussi insisté sur le “rôle modérateur” de son client, aujourd’hui âgé de 54 ans, pendant la manifestation.

 

De son côté, l’avocate générale a estimé que le prévenu était bel et bien “l”organisateur de cette manifestation” et s’est “étonnée” que les faits aient été requalifiés en dégradations légères en première instance, évoquant un bâtiment “impropre à son usage”, avec “une grille (d’accès) qui menaçait de tomber sur le trottoir” et “des marques de peinture un peu partout”.

 

La cour d’appel de Paris rendra sa décision le 28 mai.

 

Une vingtaine de personnes étaient venues soutenir le prévenu à l’audience, dont la conseillère de Paris Danielle Simonnet (La France insoumise) qui a dénoncé auprès de l’AFP une “violence symbolique” du parquet et “une criminalisation syndicale intolérable”.

 

“Y a t-il eu véritablement des dégradations ? Non. Par contre, on va en prendre un pour en faire un symbole et sur sa tête on met une amende de 17.000 euros”, s’est-elle insurgée.