Suicides : malaise dans le bâtiment

La CGT appelle à la grève, aujourd’hui, pour protester contre les conditions de travail dans les entreprises du bâtiment, à l’origine, selon le syndicat, d’une vague de suicides…

«Nous n’acceptons plus la loi du silence, car ce silence nous tue à petit feu»… C’est un hommage douloureux, que les militants du syndicat CGT veulent rendre, ce matin, sur le chantier de l’entreprise Eiffage à Montaudran, à quatre salariés du bâtiment qui se sont donné la mort ces derniers mois.

 

« Des victimes de la souffrance au travail», dénonce le syndicat qui a mis des prénoms sur cette liste macabre. «Le 15 septembre, Daniel s’est suicidé dans un local technique de son entreprise, COFELY (INEO-ENGIE), le 20 septembre, c’était le tour de Jean Paul, un ouvrier d’Eiffage Construction Midi-Pyrénées, comme un autre compagnon de cette entreprise l’année dernière, et en juillet, c’est Jean Marc, ouvrier de la Socotrap qui a mis fin à ses jours», confie Laurent Grosjean, le secrétaire de la CGT construction, qui veut témoigner sur «ces employés qui craquent psychologiquement tous les jours et viennent en pleurs chercher du réconfort».

Manque de respect, cadences infernales, licenciements pour inaptitude… les griefs sont nombreux dans un secteur d’activité difficile. «Et ces drames sont arrivés dans des grandes entreprises reconnues, où l’on pourrait croire que les conditions de travail sont meilleures qu’ailleurs», souligne Laurent Grosjean. La CGT a décidé «de ne plus taire ses souffrances individuelles» en appelant à une grève générale de la profession, aujourd’hui, sur les chantiers et dans les entreprises.

 

Un mouvement qui surprend Bruno Dumas, le président de la fédération régionale du bâtiment. «Je n’étais pas au courant de cette mobilisation, avoue-t-il, et je ne peux que regretter ces situations dramatiques, mais il faut faire attention aux amalgames. II est parfois difficile de faire la part des choses entre les problèmes personnels et la souffrance au travail dans un secteur qui est certes en difficultés, mais comme toute l’industrie». S’il reconnaît «les soucis» fréquents de petits chefs d’entreprise, Bruno Dumas explique aussi que «ce stress de salariés n’est pas remonté jusqu’à lui». En soulignant, que «les entreprises concernées ont plutôt bien traversé la crise, le signe, plaide-t-il, d’équipes et d’un personnel soudés dans une activité ou l’absentéisme est très faible». Terrible ironie du sort, c’est au moment où la reprise s’annonce (voir ci-dessous) que le malaise se fait jour.

 

Le secteur voit le bout du tunnel…

 

«Quand le bâtiment va, tout va», dit l’adage économique. Et si on regarde les chiffres, le secteur, bien secoué par la crise, voit enfin le bout du tunnel dans la région. «La reprise est encours, confirme Bruno Dumas, le président de la fédération Occitanie. On en avait senti les prémisses avant l’été et cette rentrée est prometteuse. La construction de logements est à la hausse et qu’il s’agisse des permis de construire ou des mises en chantiers tous les indicateurs sont au vert. Y compris dans le bâtiment industriel et les marchés publics, ce qui est une bonne surprise». Autre signe positif pour les professionnels, un frémissement est constaté sur le marché de la rénovation qui concerne plus les petits artisans et aussi les zones rurales qui profitent moins de la construction de logements que les grandes métropoles. Dans la région, le bâtiment pèse 10 milliards de chiffres d’affaires et compte 53 000 entreprises.

 

Gilles-R. Souillés
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